Témoignage d'Élie, parent trans
1-
Comment tu
te sens en tant que parent non inclus dans les représentations de la
société ?
De notre côté, on le vit plutôt
bien car on a pas mal de privilèges (blancs, entourage acceptant…), mais il
reste un poids toujours là.
Comme la plupart des parents,
je veux que mon enfant puisse aller bien, se sentir incluse, se faire des potes.
Mais à son âge, 4 ans, elle
doit déjà se justifier pour expliquer à ses camarades qu’elle a une famille « pas
possible ».
Dans toutes les histoires,
les films, à l’école, c’est sans arrêt : « le papa et la maman ».
Alors les autres enfants la
voient parfois comme celle qui a « un truc qui manque ».
Ce qui est faux.
Quand elle parle de sa famille,
elle mentionne même plus de deux personnes.
Elle parle de son papa, de
son dada (moi) et de ma compagne qui s’est impliquée très tôt dans son
éducation.
2 - Impact sur ta
parentalité et ton accompagnement ?
Mon inquiétude pour elle m’amène
à beaucoup de vigilance.
Je suis en réflexion
constante pour lui donner les bons outils, pour comprendre, pour répondre à
cette norme qu’on lui renvoie sans arrêt à la figure et pour qu’elle sache qu’elle
n’est pas seule, qu’il existe bel et bien une diversité des familles.
Mais les ressources sont
rares.
En général, nous sommes perçus
comme une famille homoparentale qui aurait adopté ou fait une GPA, sauf que ce
n’est pas le cas.
C’est moi qui l’ai portée et
mise au monde.
Elle le sait, nous lui en
parlons, sans tabous.
Mais ça, ça n’existe nulle
part, même dans les livres « alternatifs ».
Nous les parents trans, j’ai
l’impression qu’on est considérés comme « le niveau difficile » de l’inclusion.
Comme s’il fallait passer par
les hommes gays et puis pour les autres on verra peut-être après …
3 - Type d’accompagnement
choisi ?
Mon enfant va à l’école ordinaire.
4- Et du coup
je voulais te demander, est ce que ça te parle tout ce qui est « éducation
bienveillante, positive » ?
J’ai toujours voulu appliquer
cette éducation-là
J’ai essayé de rejoindre des
communautés virtuelles autour de ça.
En soi, je n’ai pas subi de
jugements ouverts.
Mais là, comme ailleurs, tout
le monde fait comme si les « cas » comme le nôtre n’existaient pas.
Si on veut faire le lien,
oui, pour moi faire comme s’il coulait de source que tous les enfants avaient
la même famille c’est une violence éducative ordinaire.
Merci beaucoup Macha d’avoir permis à ce que ma parole se libère. À travers tous les commentaires et messages que j’ai reçus en privé, je constate que nous sommes beaucoup à vivre et ressentir la même chose.
RépondreSupprimerEt tu vois, le témoignage d’Elie, me confirme qu’il faut que toutes les paroles se libèrent.
SupprimerLove Love et Love !
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